Vous trouverez ici une description des principaux éléments du patrimoine du village.
L’ancienne église paroissiale de Saint-André d’Angoustrine, dite aussi aujourd’hui la vieille église, est située en haut du village, près du cimetière. L’abside tout entière repose sur un seul bloc de granit. Elle fut construite sur un promontoire, certainement ancien lieu de culte romain, comme en témoigne le vestige d’un cippe romain dédié à Jupiter, visible devant la façade sud de l’église.
Cette église, classée monument historique, est typique de l’architecture sacrée du XIe siècle dans les Pyrénées catalanes. Elle est mentionnée pour la première fois dans l’acte de consécration de la cathédrale Sainte-Marie de la Seu d’Urgell au Xe siècle.
L’église se composait initialement d’une nef unique débouchant à l’est sur une abside semi-circulaire. Le chevet recouvert de lauses est orné d’arcatures lombardes, le clocher-mur est percé de trois arcatures et, plein sud, se trouve le portail en plein cintre, en granit orné de colonnettes avec des chapiteaux grossièrement sculptés.
Petite particularité à l’extérieur : deux têtes sculptées dans la pierre sont incrustées dans la façade.
Au XVIe siècle, pour accueillir tous les fidèles et marquer la suprématie de l’Église catholique, deux chapelles formant le transept furent construites, donnant à l’église sa forme actuelle de croix latine. À cette même époque furent ajoutés les œils-de-bœuf, la tribune, et le cadran solaire sur la façade sud de la chapelle.
Véritable musée de l’art religieux catalan, vous pourrez admirer à l’intérieur de la chapelle du mobilier médiéval côtoyant des éléments plus récents des XVIIe et XVIIIe siècles et même plus.
Peintures murales du XIIIe siècle
Au niveau de l’abside peuvent être observés des vestiges de peintures monumentales murales datant du XIIIe siècle, dans les tons rouge, noir et gris. Ces peintures ont été redécouvertes en 1956.
Étagées sur plusieurs registres, elles représentent, au milieu, la Cène, et en bas une série d’arcades avec des personnages symbolisant certainement les mois de l’année.
Antependium du XIIIe siècle
Le devant d’autel est une reproduction de l’antependium du XIIIe siècle aujourd’hui protégé dans le Centre de conservation et de restauration du patrimoine.
À l’origine il était surmonté d’un petit retable du XIIIe siècle dédié à la Vierge, provenant originellement de la chapelle Saint-Martin du XIIIe siècle ; aujourd’hui partiellement pillé, sa Vierge à l’enfant ayant été volée en 1975, il est exposé à l’hospice d’Ille-sur-Têt.
Retable classé de Saint Martin
Construit en 1508, il provient lui aussi de la chapelle Saint-Martin. Il se compose de plusieurs panneaux de bois peints représentant la vie et les miracles de Saint Martin.
Retable classé du Rosaire
Daté de 1693, en bois sculpté et peint, le retable du rosaire a également été pillé ; sa Vierge à l’Enfant du XIVe siècle a disparu entre 1976 et 1980.
Il fut commandité par l’évêque de la Seu d’Urgell, qui, mécontent qu’Angoustrine soit devenue française en 1659, aurait demandé que la sainte espagnole Sainte Thérèse d’Ávila y soit représentée.
Retable classé de la Vierge du Rosaire
Retable de la fin du XVIIe siècle, en bois sculpté polychrome, portant sur le médaillon de la niche centrale la date de 1834. Seule la statue de Saint Vincent est d’origine. Les statues de Saint André, Saint Sébastien et de la Vierge à l’Enfant ne sont pas contemporaines du retable.
Retable de Saint Dominique et Sainte Catherine de Sienne
Ce retable de la fin du XVIIe siècle a été décapé au XIXe siècle, ce qui lui donne un aspect doux et satiné.
Les deux statues, typiques de l’art italien, semblent sortir de leur niche : cette représentation, caractéristique de l’époque du XVIIe siècle, souhaitait démontrer l’importance du catholicisme.
Retable de la Crucifixion
Ce retable n’est pas classé car est incomplet : il semblerait que le haut du retable n’ait jamais été exécuté ou ait disparu. Il a été lui aussi appauvri par une restauration ancienne et un nettoyage excessif de ses peintures. Il reste intéressant par ses panneaux coulissants et amovibles.
Tableau de Saint Isidore
Peinture à l’huile du XVIIe siècle. Ce saint espagnol est le patron des laboureurs.
Il est à déplorer, outre celui de la Vierge à l’Enfant, le vol d’un Christ en croix datant du XIIIe siècle.
Retable du maître-autel : Retable de Saint Assiscle et Sainte Victoire
Retable classé du XVIIe siècle en partie pillé, la vierge du registre supérieur ayant disparu. Au niveau du registre principal, les deux saints sont représentés avec leur palme, symbole des martyrs chrétiens.Retable du Rosaire
Retable classé du XVIIIe siècle avec une polychromie de 1738, il est l’œuvre de Paul Sunyer (fils du célèbre sculpteur catalan Josep Sunyer) et de Louis Baixa qui ont aussi travaillé ensemble sur le retable d’Eus.Retable de la Vierge de miséricorde
Ce retable se trouvait initialement dans la chapelle du hameau thermal des Escaldes. Après la destruction de celle-ci, il fut transporté en 1930 dans la nouvelle église des Escaldes. Pour éviter son pillage, il fut placé en 2017 dans la chapelle sud de l’église de Villeneuve. Daté de 1715, il est attribué à Josep Sunyer, célèbre sculpteur baroque catalan à l’origine de nombreux retables catalans et cerdans dont ceux de Prades, Collioure ou Hix. Ce retable se compose de trois registres, mettant en valeur, par les statues de saint Antoine à gauche et saint Joseph à droite, le retable ancien du XVe siècle, au centre.Roue à clochettes
Roue à clochettes singulière par son nombre de 13 clochettes (chiffre étant souvent considéré comme néfaste). Les roues à carillon, très rares aujourd’hui, étaient naguère utilisées dans les moments de joie : baptêmes, mariages et pardons. Elles étaient aussi liées à des pratiques plus superstitieuses concernant la maladie : après avoir prononcé un vœu pour obtenir une guérison, les fidèles venaient actionner la roue.Située à deux kilomètres du village d’Angoustrine, au cœur de la vallée Saint-Martin, la chapelle du même nom date du XIIe siècle.
Pour y accéder, il suffit d’emprunter la piste de la vallée longée par la rivière Angoustrine. Autrefois lieu de passage obligé pour les voyageurs, elle reste encore un des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, et toujours chemin de passage pour les troupeaux en transhumance qui autrefois, pour certains, se faisait depuis le littoral catalan jusqu’au massif du Carlit et au-delà.
Après une heure de marche, vous arriverez dans une prairie à 1 600 mètres d’altitude d’où partent différents chemins dont celui des Bouillouses et celui du massif du Carlit. Vous découvrirez alors ce petit bijou de l’art roman resté tel qu’il fut édifié au Moyen Âge : nef unique avec clocher-mur et porte d’accès au sud.
Si vous en poussez les portes, vous pourrez remarquer son dallage fait de larges lauses, et son escalier d’accès à la tribune, si particulier. Le mobilier religieux, du XIIIe siècle, a été déplacé en son temps dans la chapelle de Saint-André-du-haut du village d’Angoustrine, où il peut être en partie admiré.
Aux alentours de la chapelle, vous pourrez aussi voir les ruines d’un bâtiment hospitalier, preuve de ce lieu de vie médiéval, et peut-être pourrez-vous parvenir à découvrir un bel orri caché dans les noisetiers.
Notre patrimoine en pierres de granit
Les Orris
Terre de pastoralisme, notre territoire regorge de ces petites cabanes en pierres appelées orris. Elles étaient utilisées par les bergers pour se mettre à l’abri des intempéries, ou sur les terres d’estive, plus éloignées du village, pour y vivre quelques mois de l’année. Ayez l’œil observateur et laissez-vous surprendre au détour d’un chemin ou au milieu d’une clairière par ces petits bijoux architecturaux.
Les Murs cyclopéens
Où que vous vous promeniez, vous ne pourrez éviter ces murs construits par nos anciens avec de grosses pierres, parfois ajustées les unes aux autres ou encore entassées, pour délimiter depuis des siècles les prés et les champs de notre territoire.
Les Oratoires
Ces petits édifices en granit sont des appels à la prière. Il y en a absolument partout dans les Pyrénées-Orientales ! Le moindre chemin dispose de son oratoire, encore plus s’il mène à un élément religieux comme une abbaye, une ancienne chapelle ou un ermitage. Il existe plusieurs types d’oratoires. Le plus classique est un bâtiment entre un mètre et un mètre cinquante de haut, ressemblant un peu à un monolithe, creusé d’une niche dans laquelle est placée la statue d’un saint, souvent la Vierge. Pour éviter les vols, la niche est grillagée. Le territoire d’Angoustrine et de Villeneuve-des-Escaldes possède plusieurs oratoires.
Oratoire de Notre-Dame du Collet (petit col en catalan)
Au dire des anciens, à l’époque où les Escaldes était un sanatorium, les habitants d’Angoustrine qui s’y rendaient pour y travailler imploraient à l’allée la protection divine et donnaient leurs remerciements au retour.Oratoire de la vallée Saint-Martin
Situé en bord du chemin de Saint-Martin et des Bouillouses, il est dédié à la Vierge à l’Enfant. Malheureusement, sa statue est aujourd’hui cassée. On suppose qu’il devait être une étape de prière sur ce chemin de Saint-Jacques de Compostelle.
Oratoire de la route nationale
Très bel oratoire original. Il est situé en bordure de la départementale D618 près du pont sur la rivière d’Angoustrine. Il est dédié à la Vierge à l’Enfant. Sur le fronton : « A 1865 C ».
Oratoire de Notre Dame des Grâces aux Escaldes
Situé en bordure de la départementale, sous l’église des Escaldes, les patients venaient par exemple y accrocher leurs cannes, après leur séjour au centre thermal. Sur le fronton, il est écrit « N.D des GRACES PRIEZ P.N. » et sur le portail en fer forgé « 18 JG 61 ».
Les Lavoirs
Ces lavoirs, constitués de plusieurs gros blocs de granit ajustés, sont remarquables. Lieux publics, ils servaient à laver et/ou rincer le linge.
Lavoir de Villeneuve
Ce lavoir est alimenté avec de l’eau chaude sulfureuse et est encore utilisé par des lavandières contemporaines. Il est situé après le rond-point sur la route de Dorres. Laissez-vous guider par l’odeur de soufre si particulière.
Lavoir d’Angoustrine
Situé sur la nationale au centre du village, ce lavoir n’est pas alimenté en eau chaude ; l’été c’est l’eau de la rivière de l’Angoustrine qui l’alimente.
Les Fontaines et Abreuvoirs
De nombreux abreuvoirs sont visibles dans les rues de notre village, ils servaient par le passé à y faire boire les animaux, aujourd’hui certains ont été transformés en jardinières ou en coins de détente.
Fontaine de Villeneuve et son abreuvoir sur la place de l’église de VilleneuveAbreuvoir de la Part petita en bordure de la D618 à l’entrée du village en venant de Targasonne, encore fonctionnel
Abreuvoir dans le vieux village d’Angoustrine
Abreuvoir dans le vieux village d’Angoustrine rue del sabater
Abreuvoir du village d’Angoustrine en bordure de la D618 à côté du lavoir
Le Monument aux morts
Il a été inauguré en 1924. Il était placé originellement entre la sortie de l’église et la route départementale, puis fut déplacé en 2019 sur son lieu actuel.
Les Bornes frontalières
Situées entre Angoustrine-Villeneuve-des-Escaldes et l’Enclave de Llívia.Tout commence en 1659, avec le Traité des Pyrénées qui met fin à une guerre de 30 ans. Il fut signé sur l’île des Faisans, au milieu de la Bidassoa, entre Mazarin, ministre du roi de France Louis XIV, et Don Luis de Haro, premier ministre du roi d’Espagne Philippe IV. Le traité ne contenait aucun règlement de délimitation, ce n’est que deux siècles plus tard que le tracé de la frontière devient définitif. C’est le traité du 26 Mai 1866 (de la vallée d’Andorre à la Méditerranée) qui fixe les limites. L’Enclave de Llívia en Cerdagne française est délimitée par 45 bornes frontières.